La personne âgée

La personne âgée

L’accompagnement Snoezelen est mis en œuvre et proposé depuis fin 2009 aux résidents de l’Arribet et Unités Soleil, suite à une formation de 5 personnes dont Mme Lair directrice, trois collègues aides-soignantes ou aides médico psychlogiques et moi-même, auprès de l’Ordre de Malte à Paris. Dès la fin de la formation chacune des quatre structures de l’association l’Arribet a pu bénéficier de la mise en place d’un espace dédié aux accompagnements individuels de résidents et éventuellement de leur famille. Des aménagements d’espaces ont été faits avec du matériel approprié, acquis ou confectionné par nos soins.

En 2010 et 2011, une quarantaine de membres du personnel a suivi le stage d’initiation de quatre jours à la Maison de la Formation à Arzacq, formation animée par le professeur Marc Thiry, fondateur de l’école belge Snoezelen et sous l’égide de MCA. M Thiry est intervenu à nouveau sur des journées de perfectionnement auprès de nos équipes et j’ai moi-même suivi des stages de perfectionnement en Belgique. Un forum a été organisé à Pau en Mars 2015 avec  la participation de nos équipes pour témoigner de la mise en œuvre de Snoezelen et du bénéfice pour tous les partenaires de cette aventure.

Les valeurs humanistes, de bienveillance et de bientraitance de snoezelen sont fortement soutenues par M Dupont, président de l’Arribet, M Thomann, directeur, par le Dr Bodenave, médecin coordonnateur et par toute l’équipe soignante et accompagnante après sa mise en place par Mme Lair, ancienne directrice aujourd’hui à la retraite.

EHPAD Arribet 1

L’accompagnement Snoezelen des personnes vivant au sein de l’Ehpad s’inscrit dans un souhait d’améliorer la qualité de vie, le confort et le bien-être des résident(e)s. La plupart des personnes que j’accompagne sont désorientées, confuses, manifestent des troubles du comportement, sont à mobilité réduite, ne communiquent souvent plus verbalement. Mais j’aime plutôt à décrire ce qui est vivant et présent en elles plutôt que ce qui fait défaut. Les moments de rencontre, de partage et de vie avec ces personnes me montrent que nous, êtres humains, avons besoin de relation, de l’autre, de sensorialité d’un bout à l’autre de la vie et que même si les mots disparaissent, si les notions de temps et d’espace se dissolvent dans des brumes inconnues, nous restons sensibles à ce qui se passe autour de nous, à la qualité d’un toucher, d’une présence, d’une atmosphère et restons capables de relations, légères, souriantes, graves, d’échanges profonds qui passent par d’autres canaux… de cœur à cœur.

Les séances sont adaptées à chaque personne, à ses choix exprimés par les mots ou de manière non verbale, par un sourire, un élan du corps, un regard, par la déglutition…, à son rythme propre et sans idée de résultat à obtenir, sans idée préconçue de ce qui va se passer et sur la manière d’orienter la séance.

Je vais illustrer par quelques exemples :

  • Cette dame âgée de plus de 100 ans m’interpelle en tendant la main vers moi à mon passage près d’elle. Je vois bien à son visage tiré, à sa main fortement tendue qu’elle n’est pas tranquille… Je m’arrête, m’approche et la questionne sur sa demande. Il lui est difficile de signifier clairement ce qu’elle ressent et veut mais je perçois son angoisse. Je lui propose de passer un moment ensemble, elle hoche de la tête et signifie qu’elle préfère aller dans sa chambre. Là, je m’assieds à ses côtés, avec devant nous les fleurs qui ornent sa table de nuit et là, elle vient poser sa tête sur mon épaule. Je l’entoure alors de mon bras. Nous restons ainsi, immobiles, respirant à l’unisson pendant près de 20 minutes. Puis, elle bouge doucement, je bouge avec elle, lui propose un verre d’eau. Progressivement, nous mettons fin à ce moment partagé et revenons vers la pièce à vivre commune. Elle accepte de s’installer dans le groupe et participe en suivant à l’animation en cours, reste souriante et ouverte le reste de l’après-midi dans la collectivité.
  • J’accompagne cette dame en espace snoezelen, j’ai préparé un environnement musical, une atmosphère lumineuse tamisée et chaleureuse, il fait chaud dans la pièce, je sais la dame frileuse. Arrivée depuis peu dans l’établissement, elle est dans un état de santé amoindri avec de profondes escarres douloureuses, elle est dénutrie et visiblement angoissée, elle s’exprime avec seulement deux écholalies. Je connais peu ses goûts, je sais qu’elle aime lire et j’ai préparé un livre sur les villages de France sans trop savoir s’il pourra lui plaire ou pas. Elle accepte de découvrir la pièce qu’elle ne connait pas. Emerveillement à l’entrée en voyant la colonne à bulles devant laquelle nous restons à satiété !!!  Puis je lui propose le livre et nous le feuilletons ensemble avec intérêt, ajoutant des commentaires personnels. Lors du retour au salon, elle partage spontanément avec l’entourage ce qu’elle vient de vivre. Son plaisir est manifeste. L’infirmière me dira le lendemain que les soins, habituellement très douloureux ont été mieux vécus, par la dame ... tout comme par elle ! 
  • J’entends lors de la séance, « je me sens bien », « quand est-ce que je reviens ? », « j’attends ce moment depuis longtemps », « c ’est merveilleux, comme quand j’ étais petite », des souvenirs d’enfance, ou bien j’observe sourires, bâillements, soupirs, profondes respirations, déglutition, les yeux qui se ferment, des mouvements spontanés d’un membre, meilleure harmonisation du tonus, la détente de la main, une extension possible des membres, un déposer de la tête ou du dos sur le support… tous signes non verbaux de détente, de bien-être ou d’intériorisation…

Pour le personnel soignant qui le  pratique, snoezelen apporte aussi bien-être, plaisir, une autre vision de la personne, une relation hors du temps urgent des soins. Snoezelen nous a permis de comprendre les modes sensoriels privilégiés de chaque résident et d’accompagner dans le bien-être les résidents jusqu’en fin de vie.

Ainsi, nous adaptons l’environnement de la chambre où reste la personne avec colonne à bulle, fibre optique ou une petite lumière, des senteurs agréables, des musiques choisies que nous savons être appréciées. Parfois, nous nous asseyons là, à côté de la personne, effleurons ou enveloppons sa main de la nôtre, effleurons le visage ou le corps avec du lait hydratant, avec des gestes lents, présents. Nous constatons que ces atmosphères paisibles et la qualité de notre présence vont favoriser la détente, le bien-être dans ce passage souvent très anxiogène non seulement pour la personne elle-même mais pour sa famille et pour les soignants.

EHPAD Arribet 2.1

 

 

Nadine Strube, accompagnante et formatrice snoezelen MCA/BPS Formation

7 Mars 2016.

Photos : Nadine Strube

EHPAD L’Arribet, Route de Samadet

64410 ARZACQ